Sur quels critères choisir son appareil photo pour prendre une visite virtuelle 360° ?

La grande majorité des photographes utiliseront leur boîtier et achèteront un fish eye pour réaliser une visite virtuelle. Mais si vous deviez acheter un boîtier, quelles qualités devraient-ils avoir en priorité. Les pixels ne sont en effet pas les seuls à prendre en compte...

Le matériel photo pour prendre en photo une visite virtuelle est sensiblement différent de celui nécessaire pour réaliser un simple panorama. Il peut même ne servir qu'à ça ! C'est notamment le cas des objectifs, comme nous l'avons vu page précédente et des têtes panoramiques, sphériques uniquement. Ce matériel peut évoluer selon vos projets, vos contraintes - professionnelles ou non - ou vos moyens ainsi que de vos envies, bien entendu. Certains veulent réaliser des visites virtuelles léchées, éventuellement en haute définition, d'intérieurs ou d'extérieurs quand d'autres voudront plutôt les prendre au cœur de l'action donc très rapidement... Je note simplement ici qu'un progrès majeur des appareils photo numériques - APN - passe souvent inaperçu et pourtant est bien pratique quand on photographie sur 360°x180° : la dynamique des capteurs numériques.

Rappel ! La dynamique d'un capteur - qui se mesure en diaphragmes - est sa capacité à enregistrer sur une même photo donc en même temps des informations dans les basses lumières sans "cramer" les hautes lumières. En 2022, un boîtier Canon aura une dynamique moyenne entre 12 et 13 diaphragmes quand les boîtiers Nikon, Leica ou Sony afficheront sans problème 1,5 à 2 diaphragmes de plus ! Ce n'est pas négligeable. Bon, on n'est encore loin des 16/17 diaphragmes que peuvent voir l'œil humain...

La dynamique a fait des progrès considérables et permet souvent, en une seule prise de vue, de photographier une scène entière incorporant un fort contraste sans être obligé de doubler certaines photos (avec deux temps de pose différents) afin de l'augmenter. Cette technique s'appelle le HDR. Si les fenêtres ont encore souvent besoin d'être doublées - donc même avec les boîtiers Nikon, Pentax ou Sony -, de nombreux "points chauds" rentrent maintenant dans la dynamique de leurs capteurs. à moins que vous ne fassiez le choix de la simplicité en investissant dans un appareil 360° directement. Voyons tout cela en détail maintenant...

La définition en pixels

N'importe quel appareil photo peut faire l'affaire, même un smartphone, dans l'absolu. De plus, rares seront les photographes qui s’achèteront du matériel spécifique pour réaliser des visites virtuelles. Mais vraiment, photographier une sphère complète sur 180° x 360 ° avec une focale d'environ 28 mm sur un smartphone relève de la gageure, de l'exploit... ou de la punition ! Entre la focale pas vraiment adaptée et la dynamique du capteur nettement insuffisante aujourd'hui comparée aux boîtiers récents, il faut vraiment avoir envie d'être dans le livre des records.
Heureusement, il y a beaucoup plus adapté ! Voyons maintenant pourquoi il est préférable que votre boîtier ait certaines caractéristiques et commençons par le nombre de pixels...

Mais pourquoi le nombre de pixels qu'il possède est si important ? En photo classique, le nombre de pixels détermine la taille maximum du tirage envisageable. En visite virtuelle, cela détermine le niveau de zoom dans l'image. Parce que l'on souhaite montrer une photo 360° x 180° sur des écrans de plus en plus haute définition et que pour que l'affichage soit beau et détaillé il est très recommandable que la photo, une fois assemblée, soit suffisamment grande.
Mais de quelle taille ? Et bien si l'on part sur la base d'un écran FULL HD aujourd'hui, on sait qu'il affiche 1920 pixels sur sa largeur. Admettons que cela constitue une face de cube de 90° (donc avec une image très dé-zoomée) comme nous l'avons vu page précédente, alors notre image, sur 360°, doit faire au moins 4 x cette taille soit environ 4 x 1920 donc environ 8000 pixels de côté. Dans la même logique, il faudrait une image de 10000 pixels pour couvrir correctement un 27'' en QHD (2560 x 1600). Or avec une image de cette taille sur un écran standard aujourd'hui, on ne pourra pas zoomer dedans. Pour cela, il faudrait que l'image soit beaucoup plus large.

Voici quelques éléments pour choisir :

• Avec les Ricoh Theta SC, Z1 ou Samsung Gear 360, le panorama mesure entre 5500 et 6700 pixels sur le grand coté... les capteurs ne sont que des capteurs de smartphones et non de "vrais" capteurs d'APN et pour finir les deux objectifs sont disons, "gentils". Donc avec eux c'est simple et rapide... mais pas bon. Fun quoi !
• Avec un boîtier de 24 Mpx, trois photos seulement prises avec un objectif fish eye circulaire, l'image assemblée sera définitivement trop petite puisque à peine 6000 pixels de large. Ce n'est pas encore ça !
• Avec un boîtier de 24 Mpx et six photos pour photographier 360°, l'image résultante mesure entre 12000 et 18000 pixels de large (selon la focale du fish eye) et permet alors de zoomer confortablement dans l'image. L'immersion de qualité est enfin garantie !
• Même avec ce boîtier mais en ne prenant que deux ou trois photos, l'image serait tout juste suffisante.
• Avec les derniers appareils Nikon, Canon, etc et leurs capteurs à 47 Mpx, le challenge pourrait être relevé avec trois photos et si l'on prend six photos au moins, la possibilité de zoom sera vraiment intéressante.

La dynamique du capteur

Mais que vient faire la dynamique du capteur dans ce tutoriel !? Et bien si vous avez lu la partie consacrée à l'assemblage panoramique classique, vous savez qu'il est possible de faire varier légèrement l'exposition entre deux photos consécutives afin de récupérer un peu de dynamique entre, par exemple, une partie au soleil et l'autre, plongée dans l'ombre; je ne parle même pas de la différence entre l'intérieur et l'extérieur au niveau des fenêtres ! Cette variation peut être au maximum de 1/3 de diaphragme ce qui peut représenter 2 diaphragmes complets avec six photos. Or ici nous avons une voire deux contraintes fortes :

• Nous prenons cette fois-ci la photo sur 360° donc la photo doit être fermée. La première et la dernière photo doivent du coup avoir une différence d'exposition au maximum de 1/2 de diaphragme,

• Et, surtout si l'on souhaite réaliser une visite virtuelle complète, les six photos prises appareil photo bien vertical, doivent être collées avec la photo du zénith puis du nadir. La tolérance entre deux photos consécutives est alors pratiquement nulle et dans les faits, il est préférable de choisir un même temps de pose pour toutes les photos afin que le ciel ou le plafond soient parfaitement raccords. Pour espérer photographier une scène sur 360° sans que des parties soient trop surexposées et d'autres trop sous-exposées, il est indispensable d'avoir un boîtier numérique avec une très grande dynamique. Heureusement, celle-ci a beaucoup augmenter ces six dernières années.

Bien sûr, si vous ne prenez qu'une visite virtuelle de temps en temps, vous pouvez faire du HDR et coller ensemble de nombreuses photos ensemble mais si vous souhaitez travailler plus rapidement, il est très pratique de n'avoir besoin de prendre que le nombre exact de photos à assembler. Et force est de constater que plus la dynamique de nos capteurs augmente et plus les cas où il n'est plus besoin de faire de HDR augmente aussi. Voici quelques exemples illustrés :

Sur les boîtiers d'ancienne génération, pourtant déjà équipés de capteur 12 Mpx, la dynamique pour photographier un intérieur éclairé par des spots est insuffisante : pour avoir de belles ombres ET de belles hautes lumières, il faut absolument prendre deux photos et faire du HDR sinon l'image postérise dans les hautes lumières (transition grisée); c'est particulièrement disgracieux !		Sur les boîtiers plus récents, au delà du nombre de pixels supérieurs, le vrai avantage pour réaliser une visite virtuelle est selon moi cette capacité dynamique augmentée qui permet de photographier un intérieur avec pourtant pas mal de contraste en une seule vue... et sans postérisation ! Il faudra un contraste beaucoup plus extrême pour à nouveau percevoir cette zone grisée disgracieuse.

J'ai essayé de résumer cela dans le tableau récapitulatif ci-dessous, en mentionnant, selon les essais réalisés dans mon bureau depuis le vénérable Nikon D70 à la dynamique catastrophique, la dynamique des capteurs.

Mon avis ! A partir de ***** (cinq étoiles), vous possédez un boîtier très pratique pour réaliser des visites virtuelles en intérieur en un minimum de photos (sans parler de récupérer les fenêtres où il faudra évidemment faire au moins deux photos - et non plus trois - avec la technique du HDR décrite plus loin).

Note importante ! Si la dynamique des boîtiers Canon était supérieure aux boîtiers Nikon il y a huit ans, la donne s'est inversée depuis. En 2021, les boîtiers Nikon ou Pentax à base de capteurs Sony et bien sûr les boîtiers Sony sont vraiment au-dessus du lot sur ce critère. Les récents Canon 5D MarkIV, R6 ont commencé à rattraper leur retard... mais rendent encore 1,5 diaphragmes aux Sony. Le Canon R5 se rapproche sérieusement des autres.

Mon conseil ! Donc, comme j'adore le tout nouveau Nikkor 8-15 mm fish eye car il s'assemble très facilement c'est-à-dire avec très peu d'artefacts d'assemblage, un Nikon D7200 monté avec cet objectif reste pour moi une des meilleures solution actuelle pour créer des visites virtuelles avec le Pentax K70 ou KP + l'objectif fisheye 10-17 mm Pentax. Rapport qualité/prix imbattable ! J'adore.

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